• Blanquer engage les réformes de gouvernance

     

    Réorganisation des académies, renforcement du pouvoir des chefs d'établissement, annualisation des services enseignants, refonte de leur évaluation et du mouvement... Dans une interview données à Acteurs publics, Jean-Michel Blanquer va un peu plus loin dans la réforme de la gouvernance de l'éducation nationale. Un grand pas qui n'est pas une surprise pour les lecteurs du Café pédagogique : nous l'avions annoncé le 25 août.

     

    Le Café l'avait annoncé...

     

    "Blanquer va-t-il changer la gouvernance de l'éducation nationale ?", demandait le café pédagogique le 25 août. Après l'annonce du recrutement des enseignants par les chefs d'établissement  dans le Nouvel Observateur et quelques informations glanées de ci de là..., il nous apparaissait clairement le 25 août qu'un "nouveau tempo politique" était ouvert par JM Blanquer.  Et qu'on allait passer aux réformes de structure. 

     

    Le Café citait les chantiers que le ministre allait ouvrir : l'affectation et le mouvement des enseignants, l'annualisation des services, la disparition des anciennes académies et al réorganisation territoriale.

     

    Autant de points qui sont repris par Jean-Michel Blanquer dans Acteurs Publics. Le ministre dévoile clairement ses projets. Il répond aussi aux questions posées par le Café sur son budget et l'impasse sur le recrutement des enseignants de CP.

     

    Effacement des "vieilles académies"...

     

    Concernant la réorganisation territoriale, JM Blanquer annonce une réforme des compétences des recteurs. " Nous avons hérité d’une situation très “hybride”, très “intermédiaire” et nous devons en tirer les conséquences. Il est normal que nous regardions dans quelle mesure on peut aboutir à de véritables régions académiques dans les temps à venir... Nous allons expérimenter et nous verrons s’il faut faire évoluer le décret redéfinissant les missions des recteurs et l’organisation des régions académiques dans un second temps".

     

    Le PPCR déjà attaqué

     

    Concernant les enseignants, le ministre annonce une refonte du mode recrutement et du mouvement des enseignants. " Pour le mouvement des enseignants, il ne faut pas s’en remettre uniquement à la « machine » et à l’ancienneté. Nous devons remettre de l’humain dans la gestion des ressources humaines", explique-t-il. JM Blanquer entretient des ambiguités en disant à la fois que le recrutement serait régional et que les postes à profil se multiplieraient "notamment pour favoriser al constitution d'équipes pérennes".  En fait le modèle qui se dessine est bien celui de l'autonomie des établissements dans leur recrutement.

     

    Enfin le ministre veut aussi revoir les barèmes d'avancement des enseignants. Rappelons qu'ils viennent d'être définis dans les accords PPCR. C'est donc une première remise en cause de ces accords.

     

    Cette annonce est éclairée par la volonté de donner " plus de pouvoirs aux recteurs, aux inspecteurs d’académie, aux chefs d’établissement".  

     

    Annualisation

     

    Le ministre évoque aussi non l'annualisation mais la "pluriannualisation" du temps de travail des enseignants, " une vision responsabilisante et souple du temps de travail." Ce dispositif donnerait une très grand souplesse aux chefs d'établissement tout en réglant la question des remplacements et e augmentant de facto le temps de travail des enseignants sans rémunération supplémentaire.

     

    Pourquoi toutes ces annonces de réformes structurelles? " Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, nous sommes dans une nouvelle donne, qui se traduit par une capacité nouvelle de dépassement des clivages stériles", écrit Blanquer dans Acteurs publics. Dans le Nouvel Observateur il avait été plus direct. " Il y a eu une élection présidentielle, des élections législatives... le peuple français a approuvé les orientations présentées, chacun doit en tenir compte"... D'un entretien à l'autre, Jean-Michel Blanquer avance peu à peu son programme. Ce nouvel entretien confirme qu'il est pressé politiquement de le faire.

     

    François Jarraud