• Qui sont les apprentis qui décrochent le plus ? Zoom sur la situation en Île-de-France

     

    Un quart des jeunes ayant signé un contrat d’apprentissage en Île-de-France ne sont pas allés jusqu’au bout et 15 % ont abandonné la voie de l’apprentissage, indique une synthèse thématique de la Direccte Île-de-France publiée le 2 février 2018. Ce net écart entre rupture "brute" et rupture "nette" s’explique par le fait que près de quatre apprentis sur dix signent un nouveau contrat dans les mois qui suivent la rupture de leur premier contrat. Les jeunes qui ont le plus de risque de voir leur contrat rompu avant son terme sont les moins qualifiés, mais aussi ceux dont le contrat dure deux ans ou plus. Parmi les secteurs les plus touchés par les abandons, l’hôtellerie-restauration, le BTP et les services à la personne sont en tête.

     

    Un "droit à la rupture" prévu par le gouvernement

    La future réforme de l'apprentissage devrait créer des "dispositifs de médiation" et un "droit à la rupture"  pour les apprentis. Il sera conditionné à un entretien préalable obligatoire avec l'employeur, après intervention d’un médiateur.

    Parallèlement, le contrat d'apprentissage pourra être rompu après la période d’essai selon trois motifs : commun accord, faute grave ou inaptitude, force majeure ou exclusion définitive du CF

    En Île-de-France, le taux de rupture et surtout le taux d'abandon de l’apprentissage sont nettement inférieurs à la moyenne nationale (1). Une situation qui s’explique par le profil des apprentis franciliens (plus diplômés et embauchés dans des PME ou grandes entreprises), indique la Direccte Île-de-France dans une note sur l’apprentissage publiée en février 2018.

    Ce document comporte un éclairage sur le profil des apprentis décrocheurs ayant signé un contrat en 2013. "Un certain recul est nécessaire" pour "regarder le devenir des apprentis une fois l’ensemble des contrats achevés", avance la Direccte pour expliquer la publication tardive de ces chiffres.

    Constat traditionnel, le fait de préparer un diplôme de l’enseignement supérieur représente une protection contre le risque de rupture de contrat. Ainsi, moins de 13 % des apprentis franciliens préparant un diplôme de niveau I ou II en 2013-2014 ont rompu leur contrat avant terme contre 36 % pour les niveaux V et IV (CAP, bac).

    la durée du contrat, un facteur primordial

    Toutefois, quel que soit le niveau d’études, le risque d’abandon augmente très fortement quand le contrat s’étale sur deux ans et non un an. De fait, pour les niveaux I et II, le taux de rupture double en passant de 10 % en moyenne pour un contrat d’un an à 21 % pour les contrats de deux ans.

     

    S’agissant des périodes les plus "propices" aux ruptures, on constate qu’elles interviennent massivement en début ou en fin de contrat ou de période de formation (cf. ci-dessous). Et ce quel que soit le niveau de diplôme.


    La Direccte s’est également intéressée aux métiers les plus exposés aux ruptures. Si l’on compare les contrats similaires (niveau de diplôme et durée), la restauration et la coiffure-esthétique sont les plus concernées. Tout type de contrat confondu, le taux de rupture dans l’hôtellerie-restauration est d’environ 43 % et le taux d’abandon de 22 %. À l’opposé, l’industrie et le commerce-gestion sont les domaines de formation où les jeunes abandonnent le moins souvent l’apprentissage (13 % en moyenne).

    Pour les apprentis de licence, le plus souvent en contrat d’un an, les taux de rupture les plus élevés se retrouvent dans les activités financières et du commerce de détail, précise la Direccte.

    Si l’on s’intéresse à la proportion de jeunes qui quittent définitivement l’apprentissage après la rupture de leur premier contrat, les écarts entre métiers s’amenuisent fortement. Il est de moins de dix points s’agissant des taux d’abandon (cf. ci-dessous) contre 25 points pour les taux de rupture. Cet écart est particulièrement marqué dans l’hôtellerie-restauration.

    Un tiers des apprentis effectuant des travaux dangereux sont des mineurs

    La Direccte a par ailleurs effectué un recensement des apprentis qui ont utilisé des machines dangereuses ou qui ont effectué des travaux présentant des risques particuliers. En 2016-2017, environ 2 000 contrats étaient concernés, essentiellement dans la construction, l’industrie agro-alimentaire, les commerces de bouche et la réparation automobile. "Parmi eux, le tiers concerne des apprentis mineurs au moment de l’embauche, faisant l’objet d’une réglementation dérogatoire", soit environ 700 jeunes, précise l’étude.

    (1) En 2013-2014, le taux de rupture "brute" était de 28% au niveau nationale et le taux de rupture "nette" ou taux d'abandon de 22% selon la Dares.